Si un enfant se comporte mal selon notre définition (hurle en public, écrit sur les murs, jette la nourriture…), les parents et/ou éducateurs les reprennent en soulignant ce qu’il font de mal.
Logique ? Pas tant que ça.
Certes, c’est un réflexe, un comportement naturel… Mais bien que cela puisse sembler relever du bon sens, cela peut en fait se retourner contre vous.
En effet, le fait d’accorder aux enfants une attention positive plutôt que négative est beaucoup plus efficace pour modifier leur comportement. Les recherches montrent que féliciter un comportement que l’on veut encourager donne plus de résultats que de lui dire ce que l’on veut qu’il cesse de faire.
Attention, dans cet article, nous ne parlons pas des troubles du comportement mais simplement des mauvais comportements que peuvent avoir tous les enfants. Cependant, il est bon de savoir comment y réagir correctement pour éviter qu’ils n’évoluent en troubles du comportement.
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Nous revenons en détails sur cet aspect dans le chapitre 3 de la formation Sequoia « Bâtissez une motivation pérenne et saine chez l’enfant ».
Alors, qu’entendons-nous par attention positive ? Et en quoi le fait de se concentrer sur le positif, plutôt que sur le négatif, est-il différent du fait de « fermer les yeux » et de laisser les enfants s’en tirer à bon compte lorsqu’ils se comportent mal ?
Qu’est-ce que l’attention positive ?
Il est facile de réagir sévèrement lorsque les enfants font quelque chose qu’ils ne sont pas censés faire et de ne pas réagir du tout lorsqu’ils font ce que nous attendons d’eux.
La colère et les émotions négatives sont instinctives et sortent bien plus facilement que les félicitations ou les gestes d’encouragements qui peuvent demander un efforts conscients.
L’attention positive nécessite un changement d’optique.
Si l’on devait en donner une définition en une phrase, elle serait : féliciter les enfants pour leur bon comportement et ignorer, du moins sur le moment, les mauvais comportements.
L’idée est que pour les enfants, l’attention parentale est si puissante que tout comportement auquel nous prêtons attention augmentera, même si nous leur disons d’arrêter.
Ainsi, plutôt que de les réprimander pour ce qu’ils font de mal, nous voulons les surprendre en train de bien faire. Cela permet d’enclencher des rétroaction positives qui viennent renforcer les comportements positifs de l’enfant.
Il s’agit d’un changement simple en théorie, mais la difficulté de la mise en pratique n’est pas votre faute, car cela va à l’encontre de siècles de normes parentales et qui nécessite un certain entraînement avant de devenir une seconde nature.
Qui a dit qu’élever des enfants était facile ? 😌
Comment mettre en œuvre l’attention positive ?
L’attention positive peut prendre de nombreuses formes, notamment des félicitations verbales, des câlins, des baisers, se taper dans la mains ou des récompenses. Elle peut être différente pour un enfant de trois ans et pour un adolescent, mais l’idée de base est la même.
La posture de l’adulte n’est pas toujours simple, loin de là. Cependant, certains principes restent toujours vrais, que l’on s’occupe de ses enfants à la maison, ou bien que l’on soit instituteur dans une école : il est bon de prendre du recul sur ses comportements afin de ne pas être contrôlé par ses émotions.
Attention, toutes les récompenses ne sont pas équivalentes ni efficaces dans toutes les situations, qu’il s’agisse de comportement ou d’apprentissages plus scolaires ! De nombreuses recherches le démontrent.
Par exemple, dans sa thèse intitulée The Effect of Rewards and Motivation on Student Achievement la chercheuse Lori Kay Baranek conclut :
Lorsqu’ils sont récompensés, les enfants ne se sentent pas maîtres de leur apprentissage, ils abordent et accomplissent les tâches différemment que lorsqu’ils ne sont pas récompensés, et leur travail est jugé moins créatif.
La thèse complète est accessible ici… Dans la plupart des cas les récompenses devraient donc être remplacées par un enseignement axé sur la motivation intrinsèque de l’élève. Chez Sequoia Education, nous pensons que la curiosité est un carburant puissant. Si la motivation est le moteur de l’apprentissage, la curiosité en est le super carburant !
L’objectif commun devrait être que l’intérêt de l’élève soit au centre de son apprentissage, et non une récompense.
Ce point est à nuancer pour les enfants en difficulté ou en échec scolaire pour qui une récompense externe (donc une motivation extrinsèque) peut être utiliser comme déclencheur le temps de leur redonner le goût d’apprendre.
Mais nous nous éloignons du sujet : l’attention positive.
Si vous souhaitez plus de détails sur le lien entre réussite, félicitation et motivation, nous vous encourageons vivement à regarder les vidéos du chapitre 3 et notamment « Comprendre le lien entre réussite & motivation ? » & « La carotte ou le bâton, comment rendre une séance vraiment efficace ? »(formation premium). Cliquez-ici pour y accéder.
Si vous avez suivi la formation gratuite, vous savez que l’une des clés est d’être aussi descriptif et spécifique que possible dans vos félicitations afin que les enfants sachent exactement quel comportement ils doivent reproduire.
Au lieu de dire « Bravo ! » ou « C’est très bien », essayez d’expliquer exactement ce que l’enfant fait de bien.
Par exemple, pour renforcer un comportement positif, vous pouvez dire « J’aime que tu partages tes crayons avec ton frère ou ta sœur comme ça, tu es un très bon grand frère » ou « C’est génial que tu aies fini tes devoirs avant de manger, c’est très responsable de ta part et grâce à toi nous pourrons profiter de la soirée tous ensemble ».
Quel que soit leur âge, faire savoir aux enfants que vous appréciez leur comportement les fera se sentir bien, et lorsqu’ils savent exactement pourquoi ils sont félicités, ils seront plus susceptibles de le refaire à l’avenir.
Qu’en est-il du mauvais comportement ? Pratiquez l’ignorance active !
C’est la partie qui peut être la plus difficile pour vous car il s’agit de lutter contre de mauvais réflexes.
Si un enfant se comporte d’une manière dangereuse pour lui-même ou pour les autres, un adulte doit bien sûr intervenir.
Si la situation n’est pas grave et ne présente aucun danger, faites de votre mieux pour ignorer le comportement de l’enfant, puis accordez-lui une attention positive lorsqu’il s’arrête.
Un mot assez descriptif de cette méthode est l’ignorance active.
En le privant de votre attention, vous envoyez le message qu’agir n’est pas le moyen d’obtenir ce qu’il veut. Vous renforcez ce message lorsque, dès que vous le voyez se calmer ou obéir à une instruction, vous lui accordez votre attention.
Mais c’est mon enfant qui va faire la loi chez moi ?!
Non.
Ce n’est pas parce que vous ignorez un comportement sur le moment que vous ne l’abordez jamais ou que vous vous pliez aux exigences de votre enfant, bien au contraire.
Lorsque vous observez un comportement que vous voulez réduire, ce n’est vraiment pas le moment d’interagir avec l’enfant car à ce moment précis vos objectifs sont très différents et surtout incompatibles.
L’enfant veut votre attention et vous souhaitez qu’il arrête de sortir tous les papiers de la poubelle. C’est le moment de prendre une profonde respiration, de le remarquer, d’essayer peut-être gentiment de le rediriger vers autre chose ou de l’ignorer activement. Par la suite, vous pouvez lui expliquer que cela vous fatigue énormément de ramasser tous ces papiers.
La réorientation peut consister à demander à l’enfant s’il veut commencer un jeu ou à lui signaler un événement amusant à venir dans le calendrier familial. Plus tard, lorsque les choses se seront calmées, vous pourrez revenir en arrière pour en parler.
Attention, la réorientation vers un téléphone portable, une tablette ou des bonbons n’est pas une solution !
Mise en pratique de l’attention positive lorsque ce n’est pas aussi simple qu’on le dit
Comment le cadre de l’attention positive fonctionne-t-il dans une situation difficile ?
Prenons un scénario que tous les parents connaissent un jour ou l’autre : votre enfant pique une colère à la caisse de l’épicerie parce qu’il veut une barre chocolatée.
Si vous cédez et lui donnez la barre chocolatée, vous mettriez rapidement un terme à sa colère, mais vous seriez certain que le comportement se répéterait. Négocier (tu pourras avoir un brownie quand nous rentrerons à la maison) aura probablement le même effet.
Ne parlons même pas des effets négatifs du sucre sur leur cerveau en développement… Ou plutôt si parlons-en mais dans un prochain article !
De nombreux parents ont l’impression d’être jugés dans un espace public et pensent qu’ils doivent faire preuve de fermeté envers leur enfant en lui disant d’arrêter, en haussant la voix ou en lançant des ultimatums.
Il y a de fortes chances que ce type de réponse ne vous fasse pas du bien, ni à votre enfant, et n’empêchera pas non plus le comportement de se reproduire, puisque vous renforcez involontairement le comportement en lui accordant de l’attention.
En revanche, si vous pratiquez l’attention positive, vous devez ignorer la crise de colère jusqu’à ce qu’elle soit terminée (ce qui est bien sûr plus facile à dire qu’à faire).
Nous vous prévenons tout de suite, l’ignorance active est beaucoup plus dure à pratiquer dans des situations où la pression sociale est importante. Pourtant, elle reste bien la meilleure solution.
Dès que l’enfant se calme, c’est le moment de lui accorder une attention positive et de le féliciter. « Je suis vraiment fier que tu te sois calmé, que tu aies pris quelques respirations profondes et que tu aies compris que ce n’est pas comme ça qu’on obtient quelque chose. »
Lorsque vous êtes de retour à la maison et que les émotions de l’enfants sont revenues dans l’ordre, vous pouvez alors aborder la crise de colère. Utilisez beaucoup de validations lorsque vous parlez à votre enfant dans ce scénario.
Par exemple, dites « J’ai vu à l’épicerie que c’était vraiment difficile pour toi quand je t’ai dit que tu ne pouvais pas avoir de bonbons. Quand je dis non à quelque chose, cela signifie que nous ne pouvons pas l’avoir à ce moment-là. Alors la prochaine fois que quelque chose comme ça arrive, que penses-tu que nous pouvons faire ? Comment penses-tu que nous pouvons mieux gérer ? »
De cette façon, vous avez reconnu et reflété leur expérience émotionnelle, leurs désirs et besoins à ce moment-là, et vous réaffirmez également vos attentes et vos limites et priorités en tant que parent.
Une interaction de ce type permet également d’apprendre aux enfants à résoudre des problèmes par l’exemple, et d’accroître leur autonomie et leur maîtrise du comportement.
Il est important de noter qu’ignorer un événement comme une crise de colère ne le fera pas cesser immédiatement. En d’autres termes, la situation va empirer avant de s’améliorer.
L’intensité de la crise de colère peut donc augmenter avant de s’arrêter complètement, et il peut également être nécessaire d’ignorer plusieurs fois les crises de colère ou d’autres comportements avant qu’ils ne cessent.
Les principes de l’attention positive sont aussi utilisés dans l’éducation Montessori et notamment en ce qui concerne la discipline. L’objectif est de rendre l’enfant maître de lui-même afin de privilégier l’auto-discipline à la discipline.
Que faire si le comportement ne cesse pas ?
Les changements prennent du temps, et il n’y a pas de méthode miracle.
Cependant, si vous continuez à observer des comportements que vous essayez de réduire malgré plusieurs semaines d’attention positive, il est peut-être temps de faire appel à un professionnel extérieur pour identifier un blocage que vous auriez loupé.
Parfois, il suffit d’un peu d’appréciation au bon moment pour qu’un enfant modifie son comportement. Par exemple, s’il ou elle a de grosses difficultés à se mettre à ses devoirs et que cela vous pèse, saisissez dès que possible l’occasion de pratiquer l’attention positive.
« Cela m’a beaucoup touché quand tu as terminé tous des devoirs sans te mettre en colère l’autre soir. C’était tellement agréable, ça n’était pas facile, mais au moins tu as terminé bien plus vite que d’habitude ».
Derniers encouragements avant de passer à la pratique
La transition vers un modèle d’attention positive demande de la patience et de la pratique de la part du parent. Il peut arriver que l’on fasse marche arrière et que l’on perde son calme, et ce n’est pas grave.
Nous sommes tous humains.
Si cela se produit, faites-en un moment d’apprentissage en vous excusant, en exprimant vos propres frustrations et en discutant de ce que vous pourrez faire différemment la prochaine fois.
S’il y a une chose à retenir c’est que pour modifier le comportement d’un enfant, ou pour dépasser un blocage, le parent joue vraiment un très grand rôle.
Une autre chose qui peut s’avérer utile à long terme est de se réserver ne serait-ce que dix minutes par jour pour faire le point. Pendant ce temps, un parent peut accorder toute son attention à son enfant en lui faisant faire une activité qu’il aime, qu’il s’agisse d’un jeu de cartes, d’un puzzle, d’une construction en LEGO, d’une œuvre d’art ou d’un jeu de la méthode Sequoia.
C’est l’assurance d’avoir toujours des occasions de pratiquer l’attention positive. Il est important de le faire de manière régulière et fréquente car s’ils ne reçoivent pas cette attention, ils vont la rechercher d’une autre manière.
En fin de compte, au-delà du traitement du comportement, l’utilisation d’une attention positive peut créer un lien plus fort avec votre enfant.